
Il faudra encore du temps avant d’en mesurer les changements, mais le processus est lancé. Le 14 novembre dernier, Bitcoin s’est ouvert à sa mise à jour la plus importante depuis 2017. La Blockchain derrière la première cryptomonnaie au monde fait elle aussi le sujet de mise à jour “hard fork” et “soft fork”. Bien que moins populaires que celles d’Ethereum actuellement, elles restent très importantes.
Sur la finance décentralisée (DeFi) et les “smart contracts”, la mise à jour appelée “Taproot” sera très pertinente d’ailleurs. En termes de spéculation, aussi, tous les regards sont tournés vers le jeton numérique. En 2017, lors de la dernière mise à jour “SegWit”, Bitcoin était passé de 4 000 à plus de 20 000 $ en quatre mois. Actuellement, la cryptomonnaie est en hausse de 2,03% à 65 435 $ (prix à 10h10 heure de Paris) à ses plus hauts niveaux historiques.
Bon à savoir : Des mises à jour sur Bitcoin ? Et oui, les Blockchain et les cryptomonnaies qui en découlent ont beau être décentralisées et très sécurisées, elles n’en restent pas moins sujettes – comme pour les logiciels – à des mises à jour de leur code pour continuer à innover et à s’améliorer. Comme Ethereum (qui se dirige vers ETH 2.0, sa plus grande mise à jour) Bitcoin est également loin d’être statique et des centaines de développeurs travaillent en permanence de proche ou de loin à des nombreuses améliorations.
Bitcoin : ce qui change avec Taproot
1/ Smart contracts
Bitcoin n’est pas une référence pour les smart contracts. Sa cryptomonnaie n’a jamais été en vedette pour sa place dans la DeFi, presque inexistante et laissée à Ethereum. Avec Taproot, Bitcoin s’améliore pourtant sur ce pan de la cryptographie. Les accords numériques qui sont stockés sur la Blockchain et qui sont au coeur de tout projet de la finance décentralisée (NFT y compris) seront plus faciles et nombreux à être inscrits sur la blockchain Bitcoin grâce à des modifications apportées avec les signatures Schnorr.
Cette nouvelle écriture pour les signatures de contrat va permettre de faire “de la place” dans les transactions (jusqu’à 75% plus efficaces avec l’espace qu’elles prennent avec une validation de leur authenticité 2,5 fois plus rapide). Les anciennes signatures appelées ECDSA (Elliptic curve digital signature algorithm) freinaient grandement la capacité de Bitcoin à gérer davantage de transactions. “La méthode ECDSA, par sa structure rigide, n’est pas idéale pour des constructions de transactions plus innovantes que l’intégration de contrats intelligents (smart contracts) sur le Bitcoin”, expliquait un journaliste de Cryptonews.
Pourquoi ne pas avoir inclus le procédé des signatures Schnoor dès le départ ? La réponse est très simple et concerne un brevet. Claus-Peter Schnorr, qui avait inventé le code derrière ces signatures plus optimisées, avait déposé un brevet pour le protéger. Ce dernier expirait en 2008 et Satoshi Nakamoto, le créateur mystère de Bitcoin, n’avait pas voulu attendre pour lancer sa Blockchain et avait donc préféré intégrer le procédé ECDSA.
2/ Confidentialité
L’arrivée des signatures Schnoor n’implique pas qu’une plus grande facilité de création de smart contracts sur la Blockchain Bitcoin. Désormais, les transactions à signatures multiples ne seront plus aussi faciles à distinguer des transactions à signature unique, ce qui les rendra bien plus confidentielles. Il sera d’autant plus difficile de connaître les responsables d’une transaction et beaucoup s’inquiètent que les autorités ne pointent du doigt ce changement.
Sur la Blockchain de Bitcoin, les transactions à signature unique se matérialisent par la signature du seul et unique propriétaire de la clé privée associée à un portefeuille. Mais des transactions plus complexes existent aussi, avec la signature de plusieurs clés/plusieurs machines. D’autres blockchain sont bien plus optimisées que celles de Bitcoin sur ce point, mais voilà que la cryptomonnaie phare se met aussi à l’adoption sans distinction de ces transactions à signatures multiples. D’ailleurs, les signatures Schnoor ne limitent plus le nombre de 15 signataires sur une transaction, comme c’était le cas sur le procédé ECDSA.
Bon à savoir : les transactions à signature multiples ont beau sembler plus difficiles à tracer et motiver les activités illégales, elles sont aussi un excellent moyen de rendre les portefeuilles encore plus sécurisés. En effet, il est bien plus difficile pour un pirate de voler plusieurs clés de sécurité plutôt qu’une seule (portefeuille multisig). De plus, la perte d’une des clés n’entraîne pas la perte du portefeuille (car les autres clés peuvent être utilisées pour récupérer les fonds).
3/ Frais de transactions
Sur la Blockchain Bitcoin, il n’est pas aussi urgent d’abaisser les coûts des transactions que sur celle d’Ethereum. Mais avec Taproot tout de même, Bitcoin va voir ses transactions réduire leur coût. Les signatures Schnoor, qui améliorent les transactions à signatures multiples, prendront moins de ressources à être traitées et les conséquences sont directes pour les utilisateurs. “Avec moins de données impliquées, les transactions deviendront plus efficaces en termes d’énergie et de temps” , expliquait Tyrone Ross, le PDG d’Onramp Invest.
Pour résumer, la mise à jour Taproot peut être présentée comme la concrétisation de l’intégration des signatures Schnorr dans la Blockchain Bitcoin. Les signatures Schnorr font parler d’elles depuis longtemps et le mois de décembre 2019 se matérialisait par la fin des révisions pour son implémentation. Mais il fallait encore compter sur un “soft fork” pour une intégration sur le logiciel Bitcoin. Celle-ci arrive aujourd’hui et la plus grande des avancées concerne la facilitation de la création de smart contracts. Globalement, les transactions seront aussi moins chères et ouvriront la voie aux portefeuilles multisignatures, bien plus sécurisés.
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