
En matière de technologie, l’agenda de l’Union européenne est actuellement très chargé. Un processus législatif est ainsi engagé pour la régulation des plateformes afin d’assurer une meilleure concurrence, ou encore pour lutter contre la désinformation. De même, le vieux continent entend mieux réguler l’intelligence artificielle et éviter les dérives. Enfin, l’application plus ou moins ferme du Règlement général sur la protection des données (RGPD) est un autre élément de nature à susciter l’inquiétude des grandes entreprises technologiques.
De manière logique, ces dernières tendent donc d’influencer les discussions en cours de manière à faire valoir leurs intérêts. Ces pratiques, souvent décriées, ont justement fait l’objet d’un rapport publié par le Corporate Europe Observatory et LobbyControl.
Lobbying ou loi du plus fort ?
Les chercheurs ont tout d’abord pu constater que des montants très importants sont consacrés aux opérations de lobbying : 97 millions d’euros par an. Un niveau de dépenses qui place la Tech devant l’industrie pharmaceutique, les énergies fossiles, ou encore la finance.
Dix grandes entreprises se taillent la part du lion et on retrouve donc en bonne place : Google, Facebook, Microsoft, Apple, Huawei, Amazon, IBM, Intel, Qualcomm et Vodafone, qui dépensent 32 millions d’euros par an pour tenter d’influencer les politiques européennes.
Dans le détail, Google n’a pas hésité à débourser 5,8 millions d’euros pour convaincre les législateurs du vieux continent, soit un peu plus que Facebook (5,5 millions), Microsoft (5,3 millions), ainsi qu’Apple (3,5 millions), et Huawei (3 millions).
Parmi les autres enseignements de cette étude, les auteurs notent que les géants de la Tech disposent d’un budget de lobbying « qui dépasse de 75 % celui de sociétés plus modestes de l’industrie numérique ». C’est selon eux un soucis car cela signifie que les compagnies les plus riches peuvent imposer leurs positions politiques, en se présentant comme les défenseurs du secteur sur le plan global.
Enfin, les chercheurs notent que ce lobbying « s’appuie également sur le financement d’un vaste réseau de tiers, notamment des groupes de réflexion, des associations de PME et de start-ups et des cabinets de conseil juridique et économique, pour faire passer ses messages. Ces liens ne sont souvent pas divulgués, ce qui masque les biais et conflits d’intérêts potentiels ».
Mis en cause, les intéressés n’ont pas manqué de réagir à l’image de Google qui s’est exprimé chez Techcrunch :
Comme les autres entreprises qui travaillent avec les institutions européennes, nous détaillons notre travail dans le registre de transparence de l’UE et nous avons mis en place des politiques claires pour protéger l’indépendance des personnes et des organisations que nous parrainons, y compris une obligation de divulguer le financement.
De son côté, la Commission européenne a aussi souhaité rappeler ses règles de transparence en matière de lobbying. Les personnes qui sont auditionnées sont toutes enregistrées : « Cela signifie que seules les personnes inscrites au registre de la transparence peuvent rencontrer nos principaux décideurs. Les informations relatives à ces réunions sont publiées en ligne et peuvent être consultées par tous », précise-t-elle.