
Lucid Motors est un futur constructeur de voiture électrique qui vise le deuxième semestre pour débuter sa commercialisation. Comme beaucoup de ses concurrents, il espère aussi rentrer en bourse le plus tôt possible pour se protéger de l’enfer de l’accès aux capitaux pour les marques automobiles en devenir.
Pour rejoindre Wall Street, Lucid Motors compte sur une fusion sous la forme d’un SPAC avec la société de chèque en blanc Churchil Capital Corp IV (CCIV). Un contrat à 4,5 milliards de dollars qui lui permettra de rentrer en bourse rapidement et plus simplement que par une cotation directe.
Cela fait des mois que la cotation est prévue et Lucid Motors a confirmé à plusieurs reprises qu’il utiliserait le véhicule de CCIV, de quoi faire augmenter le cours de l’action de la société, particulièrement lors du mois de mars. Les échanges s’étaient emballés. La future action de Lucid Motors prenait 100 % de hausse.
En faisant appel à la patience de toutes les parties prenantes, le constructeur a demandé une dernière période d’attente en repoussant encore la date de la fusion avec le SPAC. Or cette dernière requête a une explication bien plus insolite qu’une affaire de lourdeur administrative. Le mail pour la signature du contrat aurait terminé dans la section « courriers indésirables » de nombreux actionnaires, qui n’ont pas pu rendre le document à temps.
Filtre antispam
Le courrier en question contenait les derniers points pour définir les termes du contrat. Une grande partie des actionnaires concernés n’ont pas rendu le document à temps et la nouvelle date butoir a été repoussée à demain, vendredi 23 juillet. « Votez maintenant pour éviter un retard supplémentaire », peut-on lire dans un communiqué envoyé jeudi.
Nos confrères et consoeurs de The Verge ont assisté au rendez-vous téléphonique organisé hier par Lucid Motors et Churchil Capital Capital Corp IV. C’est à cette occasion que l’explication fut donnée. « Je sais que certains de ces e-mails sont peut-être allés dans votre dossier de courriers indésirables. Mais il est essentiel et important de voter et d’avoir les outils pour voter. […] Je dois vous rappeler de vérifier vos e-mails et de vérifier vos spams », adressait comme message le président de CCIV aux actionnaires.
CCIV fut l’un des SPAC les plus négociés en 2021 et le nombre d’investisseurs particuliers est gigantesque. Cela expliquerait aussi la difficulté pour Lucid Motors de recueillir suffisamment de votes pour passer l’étape de la validation de ces termes du contrat de fusion. Par exemple, sur les plateformes de courtage en ligne comme Robinhood aux États-Unis, de nombreuses adresses mail renvoyaient vers des clients qui avaient déjà revendu leurs actions. Difficile de prendre contact avec les plus petits investisseurs loin d’être forcément au courant de la présence de ce vote.
Les mésaventures de Lucid Motors
Ce n’est pas la première fois que Lucid Motors rencontre des difficultés à faire couler de l’encre. À la mi-mars, une autre mésaventure aux conséquences importantes fut découverte. À la suite d’une erreur dans un article publié par Bloomberg, de nombreux investisseurs s’étaient tournés vers Churchill Capital IV tant l’agence de presse avait présenté la société de chèque en blanc comme le futur SPAC de Lucid Motors.
“Sur les cinq différentes sociétés d’acquisition à vocation spécifique avec lesquelles Lucid Motors discutait, Churchill Capital IV ne figurait pas dans la liste…”, révélaient Motley Fool et ses spécialistes en investissement. Avec ce rapport erroné, Bloomberg a forcé les pourparlers entre les deux sociétés, alors que Churchill Capital IV aurait été créé, au départ, dans le but de fusionner avec une entreprise totalement différente : la filiale DIRECTV, de AT&T.
« À la suite de l’article de Bloomberg, Churchill a commencé à explorer un éventuel regroupement d’entreprises avec Lucid en raison de son intérêt pour l’industrie des véhicules électriques », confirmait Lucid Motors dans son rapport.